samedi 27 octobre 2007

En radeau




Cinq d'entre nous avons vécu hier une expérience inoubliable et inespérée.
Partis en vélo pour aller voir des rizières, nous nous somes égarés. Felix culpa. Une chinoise d'un certain àge en vélo elle aussi nous a ramassés et conduits vers un embranchement de la Li (rivière sur laquelle nous avons fait avant-hier notre croisière)
C'était un cul de sac. Nous avions le choix, ou revenir sur nos pas, environ 10 kms ou louer trois radeaux faits de dix troncs de bambous, muni de deux confortables chaises avec parasol. Jamais on aurait pu tant espérer.
Nos pilotes, des chinois munis d'un long bambou qu'ils appuyaient sur le fond de la rivière peu profond, nous ont ainsi fait franchir en trois heures, dans un décor de rêves, les cinq kilomètres qui nous séparaient de notre route de retour. Les bambous nous saluaient de longues révérences, les canards nous accompagnaient et une douce brise nous caressait légèrement de toutes parts.

Les cinq barrages, comme les cinq étapes du bonheur chinois, dressés sur l'étang, ont été franchis allègrement.


Nous n'avions pas dîné mais nous avons fait le plein d'une voluptueuse nature qui nous a enveloppés de ses charmes. Cela nous suffisait amplement.

Si vous passez par là un jour, faites-nous signe on vous accompagnera avec grand plaisir.

Florian

LE BOUDDHA SOURIANT







Au temple Old Lingying à Hangzhou
Ici à Hangzhou on met en vedette le Bouddha souriant.
Le Bouddha souriant est représenté assis, obèse, reflétant la joie de vivre. Son gros ventre est supposé contenir tout ce que les autres humains ne peuvent absorber de la nature. Il contient aussi tous les vices et toutes les peines du monde.
Je suis surpris par l’importance de ce centre tant par le volume de ses installations que par celui de son achalandae. Nous sommes arrivés vers 9h00, le stationnement était déjà rempli de cars qui chacun avait déchargé sa cargaison d’une cinquantaine de visiteurs-pèlerins.
On vient au temple comme à une fête. Cependant chacun fera ses dévotions devant les différentes représentations de Bouddha. Il y a d’abord la prière de salutation. Les mains jointes à la hauteur du visage on fait trois inclinaisons profondes puis on se met à genoux et les deux mains par terre on fait trois prostrations en prenant soin de toucher le sol de son front. Puis on se relève et on fait debout trois autres inclinaisons les mains jointes à la hauteur du visage.
Dans la cour entre l’entrée et le deuxième bâtiment on fait brûler des petits bâtons d’encens. On garde toujours le mains jointes en tenant les bâtons enflammés. On s’asperge aussi de la fumée qui se dégage des foyers où brûlent les reste de beaucoup de bâtons d’encens.
Le troisième bâtiment représente un Bouddha accompagné de deux témoins célestes de son accès au nirvâna.
On dit les Chinois très superstitieux. On va au temple pour obtenir protection ou toutes sortes de faveurs un peu comme nos pèlerins à Notre-Dame-du-Cap ou à Ste-Anne-de-Beaupré. De fait il y a
Plus de 500 représentations diverses de Bouddha et les boddhisatva, sorte d’intercesseurs se comptent par milliers et les modèles, les haras sont aussi très nombreux. Dans ce temple il y a cinq cents représentations de haras qui couvrent tous les métiers et toutes les professions du monde.
Il a peu de rites collectifs au temple bouddhiste. . Cependant, ce mardi ordinaire, un riche de la place avait commandé une prière en vue d’obtenir au ciel une belle place à ses parents défunts. Imaginez les cent moines que comptent le monastère étaient impliqués dans une cérémonie où chacun avait son rôle soit comme porte-étendard de toutes les couleurs, comme thuriféraire ou tout simplement comme accompagnateur de l’officiant qui apportait des offrandes au Bouddha et répandait sur toute la place des nuages d’encens. Celui qui avait commandé la cérémonie, habillé en civil, suivait derrière l’officiant. La cérémonie dura environ une heure.
Bouddha doit se retourner dans son nirvâna...
Imaginez sa déconfiture. Bouddha, un homme ordinaire après beaucoup d’efforts, de privations et une rigoureuse ascèse réussit à se détacher de ce monde, à couper tout désir en lui pour atteindre un état de paix absolue que rien ne peut plus troubler.
Ses disciples le créent dieu, multiplient ses temples, accumulent pour l’honorer des richesses incalculables et créent des représentations de Bouddha ou de l’atteinte du nirvâna autant que la race humaine peut avoir de désirs et de vices.
Le Bouddha souriant doit bien sourire paternellement aux simagrées qu’on fait devant lui.
La Chine a converti le bouddhisme au taoïsme
Le bouddhisme tel qu’il est né aux Indes c’est la recherche du juste en tout. De la juste action de la juste pensée, de la juste mesure en tout.
Le taoïsme c’est l’élan vital démesuré de la nature en recherche de l’harmonie, le Yin et le Yang.
Le ciel du bouddhisme chinois au lieu d’être l’horizontalité pure sans onde ni horizon est d’abord occupé par quatre gigantesques personnages qui représentent les quatre points cardinaux ou la totalité de l’univers et des forces qui l’habitent. C’est le yang du monde. Les six gracieuses harmonies qui volent dans son ciel, le yin, concrétisent tions des points de tensions ou des désirs que l’être humain doit achever dans sa vie.
Le Yin et le Yang du taoïsme chinois imprègnent le bouddhisme d’une grâce qui le rend sympathique, joyeux et coloré et qui l’ouvre à toutles différentes facettes de l’harmonie à laquelle doit tendre toute existence humaine.
Avec une telle religion qui est même pratiquée par ses athées et qui est ouverte à toute les croyances religieuses, je ne crois pas que la Chine ait jamais besoin accommodements raisonnables.