lundi 29 octobre 2007

La légende des bambous ondulants au pied du ponton

Venus d’horizons inconnus
Portés par les roues du temps
Le hasard les a placés côte à côte
Sur un frêle esquif de bambou
Pour une traversée hors du temps
D’un étang aux reflets changeants.

Il portait toison blanchie par les ans
Elle la chevelure dorée
Qui sous le vent ondulant
Voilait des yeux aux reflets d’azur.


Bercés par l’onde
Ils voyaient avec les mêmes yeux
Les bambous ondulants
Courber leur révérence
Devant leur nef glissant
Sur ce miroir du temps.

Les canards s’aligner en protocole d’accueil,
Les poissons dessiner sous l’onde
La carte de leurs chemins d’un instant.


Le vent mariait leurs cheveux ondulants
Le soleil filtrait ses rayons
Sous le parasol aux couleurs de printemps

La campagne retenait son souffle
Pour embaumer de sa paix
Ce couple d’un instant
Réuni par les hasards du temps
Pour la traversée de cet étang
Hors de tout temps.

La complicité de chacun aidant
Ils franchirent allègrement
Les cinq barrages
Dressés sur l’étang
Comme les cinq étapes
Du bonheur de l’instant chinois.

Ils parvinrent trop vite
Au terme de cet instant.
Il fallut trop tôt
Porter le poids du quotidien
Reprendre les sentiers étroits et mal cailloutés
Ouvrant à chacun ses horizons inconnus.

Un pavé mal ajusté
Coinça la roue de ce temps
Et projeta la dame à la toison dorée
Sur une pierre acérée
À l’orée du ponton.
Un sang merveil gicla sur le sol gris
En flots à emporter une vie.

Mû par un instinct de survie
Le voyageur à la toison argentée
De son baluchon
Tira un caleçon
Qui bloqua l’hémorragie
Et sauva de l’abîme
La dame à la chevelure dorée
Et aux yeux azurés.

En ces lieux le sang répandu
Germa en une touffe de bambous ondulants
Le caleçon emporté par le vent
Se transforma en feuillage verdoyant
Rattaché par des fils d’argent
Aux bambous ondulants
Au-dessus du ponton
Témoin de cet instant
Hors du temps
L’étang d’un moment
Garde la mémoire
De ce couple réuni
Par les hasards du temps

Et les bambous du ponton
La racontent
À tout passant
Venant de cet étang
Hors de tout temps
Dans la Chine de tous les instants.

Florian